Ça fait longtemps que je veux écrire sur ce sujet. Quand j’ai vu les photos et les publications de Chrissy Teigen cette semaine, j’ai eu envie d’en parler. Parce qu’on n’est pas seules. Parce qu’on n’en parle pas. Parce que ça fait trop mal et parce que c’est tabou. Parce que personne n’a envie d’en entendre parler, mais que c’est une réalité que plusieurs mamans ont et auront à traverser.
Ce sujet, c’est mon pire cauchemar devenu réalité en 2018.
J’avais toujours compris que c’était une réalité. J’avais compris que des mamans avaient dû vivre cette horrible épreuve. Mais personne ne m’avait dit que ça allait m’arriver. Nous arriver.
Personne ne peut te préparer à ça, la mort de ton enfant.
Je suis tombée enceinte de Juliette quelques semaines après notre mariage. Notre deuxième petite fille! Une grossesse parfaite. Je suis chanceuse, je n’ai jamais eu de symptômes horribles. Une grossesse de rêve, jusqu’à l’écho de morphologie. L’écho où j’ai senti l’hésitation de la technicienne. « Tout semblait OK », mais « bébé bougeait trop pour bien prendre les mesures du coeur ». On est sorti de là heureux comme des rois. On trouvait ça étrange, mais on nous avait dit que tout semblait OK. On était parent d’une deuxième petite fille. Des soeurs. J’étais une mom de girls. On a choisi son nom. Olivier aimait beaucoup le prénom de Juliette. On a décoré sa chambre, j’ai commencé à plier les vêtements, ceux que Charlotte avait déjà portés.
Jusqu’à ce que le téléphone sonne un peu trop tard un soir. Mon médecin qui s’inquiétait, me demandant d’aller passer une 2e écho. Et c’est là que « shit hit the fan » comme on dit. En gros, notre bébé n’avait qu’une moitié de coeur. C’est les suivis à CHEO qui s’en sont suivis, des discussions avec les spécialistes et les semaines les plus sombres de ma vie qui s’en sont suivi. C’est à 23 semaines de grossesse que Juliette nous a quittés. Vous comprendrez que c’est un accouchement pénible à tous les niveaux que j’ai dû vivre.
Je n’entrerai pas dans les détails de notre expérience, mais j’avais envie d’écrire sur le deuil qu’est de perdre un enfant qu’on n’a pas vraiment connu.
Personne ne peut comprendre cette douleur. Personne ne saisit ce que c’est de devoir faire des arrangements funéraires pour un si petit être. Ça va écorcher des relations. Ça va tout chambouler. C’est un tsunami sur ta vie.
Je pense que les gens ne saisissent pas cette douleur. C’est normal. Mais quand tu portes la vie, tu ne t’imagines pas devoir porter la mort.

Les gens autour de toi vont vouloir aider. Mais personne ne va trouver les mots. De toute façon, tu ne voudras pas les entendre. Chaque femme enceinte que tu vas croiser va te donner envie de crier. Chaque photo de bébé va t’arracher une partie de toi. Donne-toi la permission de le vivre. Donne-toi du temps. Pleure. Vis ton deuil. Tu vas avoir une montée de lait pour un bébé que tu ne pourras allaiter. Tu vas devoir tout ranger les vêtements que tu avais pris le temps de placer dans sa chambre. Tu vas devoir démonter son lit. Il n’y aura pas d’étapes de faciles. Mais je te promets que t’es forte.
Parlant de deuil, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de le vivre. Si d’en parler ça te fait du bien, fais-le. Si tu veux garder ça privé, c’est ton droit aussi! Pour moi, en parler, dire son nom et l’honorer m’a aidé à traverser ça. Elle a existé. Taire son nom et son existence c’est ce qui me bouleverserait le plus.
Pour un couple aussi ça va être une grosse épreuve. Je suis chanceuse de dire que pour nous ça nous a soudé à jamais. On a su se donner l’espace nécessaire pour vivre notre deuil chacun à notre façon. On s’épaule encore là-dedans, parce que ce n’est pas fini et ça ne le saura probablement jamais. Chaque fête fait mal, chaque anniversaire de naissance/mort fait mal. On se donne le droit de le vivre, de pleurer ensemble et seuls.
Tout ça pour dire que de grâce, ne jugez jamais un parent qui décide d’en parler. Si on décide de faire un post sur le sujet, de dire les noms de ces bébés anges, c’est pour nous aider à guérir. Juliette m’a permis de découvrir une force que je ne connaissais même pas. Elle me fait encore grandir et évoluer.
Et pour toi qui as déjà vécu ça ou qui dois passer par là, sache qu’à partir de maintenant un ange veille sur toi. Tu restes maman. Ton enfant a existé, peu importe le dénouement. Tes émotions sont valides et ton deuil aussi.
Je suis maman de 3 belles filles.
Charlotte, Juliette et Béatrice.
Et jamais je n’arrêterai de dire son nom.

xx










2 Comments
Quoique la tristesse pourrait m’envahir, je ressens surtout un immense respect et fierté pour votre démarche qui saura vous libérer, surtout pour Béatrice, de Karma non-résolu dans le futur. Béatrice tout comme Juliette et Charlotte ont chacune leur propre identité et parcours de vie.
Merci pop! Oui, c’est un chemin difficile mais nécéssaire pour nous libérer <3